Les risques

La Forêt bouge - Nouvelle Aquitaine

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Une multitude de causes peut être à l'origine de dépérissements localisés, mais un nombre plus réduit de facteurs peut être à l'origine de dégâts plus importants. Parmi toutes ces adversités, il importe de savoir distinguer celles qui constituent un risque réel, c'est-à-dire qui pèse effectivement sur l'avenir des peuplements et sur leur économie.

 

Dégâts liés au grand gibier

La forêt privée abrite un grand nombre d'animaux qui font partie des écosystèmes forestiers. Ils y prélèvent leur nourriture et y inscrivent les marques de leur présence. Cependant certaines espèces en surnombre deviennent des déprédateurs et causent des dégâts importants.

La surabondance des cervidés en forêt pose problème sur les jeunes peuplements :

  • prélèvement de feuillages, de pousses et de bourgeons (abroutissements),
  • prélèvement d'écorce par le Cerf et le Daim (écorçage),
  • écorce arrachée par frottage comme marque de territoire (frottis).

Ils peuvent remettre en cause la régénération des peuplements forestiers dans des conditions économiquement satisfaisantes pour le propriétaire et affecter la qualité du bois.

Pour limiter l'impact de la grande faune, plusieurs leviers d'actions sont identifiés :

  • limiter l'expansion des populations de gibier, en augmentant le prélèvement. Les cervidés sont chassés suivant des plans de chasse définis sur une base annuelle ou triennale. Il importe que les intérêts forestiers soient pris en compte lors de son élaboration.
  • Protéger les régénération et plantations : en jouant sur la composition du peuplement suivant la sensibilité des essences (efficacité limitée en cas de population de cervidé importante) ou en installant des clôtures ou protections individuelles (surcoût important).

Insectes ravageurs et pathogènes

Un certain nombre  de ravageurs et d'agents pathogènes peuvent causer des dégâts significatifs aux arbres et peuplements forestiers.

Principaux agents identifiés dans la région

  • Pour les résineux  
    • Insectes sous-corticaux : Il s'agit principale des scolytes (sténographe, Pissode, Hylésine, érodé...). Ces ravageurs attaquent les résineux affaiblis. Il peuvent occasionner des dégâts importants après le passage de tempêtes ou d'incendies.
    • Hylobe : Tous les jeunes peuplements sont sensibles à ce charançon, notamment quand ils ont été installés (semis ou plantation) trop tôt après une coupe rase de pins ou de douglas, ou dans le voisinage immédiat d'une coupe récente.
    • Chenille processionnaire du pin : Elle est présente dans toute la région et occasionne des défoliations cycliques. Les papillons recherchent des peuplements ouverts ou des arbres isolés pour pondre.
    • Rouille courbeuse : Il s'agit d'un champignon qui parasite les pousses des très jeunes pins. Les attaques provoquent des déformations irréversibles et peuvent être important. La présence de tremble favorise les attaques.
    • Pyrale du tronc : Il s'agit d'un papillon qui creuse des galeries sous l'écorce, repérable par des écoulements de résine. Elle attaque les arbres les plus vigoureux et rend les tiges sensibles aux coups de vent.
    • Armillaire : champignon parasite des racines, responsable de mortalités sur pin (maladie du rond)
    • Fomès : champignon parasite des racines, responsable de mortalités sur pin (maladie du rond) et de pourritures du tronc sur épicéa et douglas. Un traitement préventif existe pour les souches récemment coupées.

 

  • Pour le peuplier  
    • Rouille à Melampsora : Deux rouilles attaquent les peupliers dans la région. Les infestations précoces entraînent la chute prématurée des feuilles. La sensibilité aux rouilles est différentes suivant les clones de peuplier.
    • Puceron lanigère : Le Puceron lanigère qui vit en colonie sur les troncs peut causer des dommages importants dans les peupleraies. Les dommages sont observables l’année qui suit une attaque. Les premiers dégâts apparaissent sur l’écorce, qui se craquelle en « peau de lézard ». On observe ensuite des nécroses, accompagnées d’écoulements noirâtres. Les arbres deviennent fragiles aux coups de vent.
    • Grande saperde et Grande sésie : Les larves de ces insectes causent des dégâts en creusant des galeries dans le tronc.

 

  • Pour les feuillus  
    • Chenilles défoliatrices : Les principaux agents défoliateurs des feuillus présents dans la région sont le Bombyx disparate, le Bombyx cul brun, la Processionnaire du chêne.
    • Chancre du châtaignier : Dû à un champignon parasite, ce chancre est souvent mortel pour le châtaignier. La présence de cette maladie peut compromettre l’amélioration des taillis par balivage.
    • Maladie du l'encre : Les champignons de la famille des phytophtora contribuent au dépérissement de l'Aulne glutineux, du Châtaignier et du Chêne rouge d'Amérique.
    • Zeuzère : Larve de papillon qui creuse des galeries dans le tronc des jeunes noyers, frênes ou chênes rouge, favorisant le bris des tiges au coup de vent et l’installation des pourritures.
    • Cylindrosporiose du merisier : Champignon dont les attaques provoquent la chute prématurée du feuillage, perturbant la constitution des réserves,
    • Graphiose de l'orme : Ce champignon a entraîné la disparition quasi totale de l’orme de notre région au cours des 30 dernières années,
    • Chalarose du frêne : La chalarose est une maladie émergente et létale des frênes commun et oxyphylle -en Europe occidentale. Elle se traduit par des dépérissements anormaux allant jusqu'à la mort de l'arbre. D'origine asiatique ce champignon est entré en Europe par la Pologne en 1990.

 

Les risques sanitaires sont accrus par:

- l'installation d'essences peu ou mal adaptées aux conditions de station,
- une mauvaise installation du peuplement: plants de mauvaise qualité, travail du sol ou entretiens insuffisants...
- un itinéraire sylvicole inadapté.

 

 

Les incendies

L'incendie forestier constitue un risque majeur pour des massifs forestiers importants comme les Landes de Gascogne, la Double, les landes du Nord de la Vienne ou le Périgord.

Malgré les nombreux efforts consentis ces dernières décennies pour équiper les massifs (schémas d’aménagement des massifs contre les incendies, création de pistes, de pare-feux et de points d’eau), le renforcement en moyens humains et matériels des services de lutte et une surveillance accrue dans les zones sensibles, le feu reste une menace qui pourrait être aggravée par le changement climatique.

En règle générale et en dehors des années très sèches ou des zones très fréquentées, les formations les plus sensibles au feu sont composées d’une végétation importante et très combustible toute l’année comme les bruyères, la callune, les ajoncs ou à une certaine période , la Fougère aigle et la Molinie (mars à mai).

Parmi les peuplements les plus vulnérables on trouve :
- les landes plus ou moins boisées,
- les jeunes boisements, quand ils sont peu ou pas entretenus,
- les futaies de pins à toute époque de leur vie,
- les taillis dégradés de Chêne ou de Châtaignier, quand leur couvert est lâche et que la végétation combustible a réussi à s’installer.

 

Accidents climatiques

Durant leur vie, les peuplements forestiers sont pratiquement tous confrontés à certains phénomènes climatiques exceptionnels (sécheresse prolongée, vents violents, froids intenses, …). Ces épisodes provoquent parfois des mortalités. Le plus souvent, ils engendrent des dégâts qui marquent durablement les arbres et déprécient leur valeur marchande. Leurs défenses naturelles sont affaiblies, les  peuplements deviennent plus sensibles aux attaques parasitaires et aux variations climatiques locales qui peuvent entraîner un cycle de dépérissement. Toutes les essences et les peuplements ne réagissent pas de la même manière à ces accidents. Les stations, les provenances et les soins culturaux expliquent parfois les différences.
Une bonne réflexion sur les choix sylvicoles peut limiter l’impact de l’accident climatique, mais elle ne fait jamais disparaître le risque.

Hormis dans leur jeune âge, les arbres sont assez résistants aux sécheresses estivales, les espèces méditerranéennes étant les mieux adaptées. Mais plusieurs fois par siècle, des sécheresses durables ont causé des dégâts significatifs aux forêts de la région. Ce fut le cas en 1976, 1983, 1989 et 1990, 2004 à 2006 où bon nombre de chênaies pédonculées, de hêtraies et de pinèdes ont été affectées.

Les tempêtes et tornades avec des vents tourbillonnant à plus de 110 km/heure causent aussi d’importants dommages. 
Parfois très localisées (une partie de vallée), les atteintes aux forêts néo-aquitaines peuvent être majeures comme en juillet 83, décembre 1999 et janvier 2009.

Enfin les grands froids et certaines gelées précoces ou tardives provoquent des dommages importants sur des espèces introduites en limite de leur aire naturelle. Ainsi bon nombre de peuplements d’Eucalyptus et Pin maritime d’origine portugaise ont été détruits par le froid de l’hiver 1985 et de nombreux chênes ont eu leur qualité affectée par la gélivure. 
Le gel tardif (fréquent jusqu’au 15 mai)  provoque la mortalité d’organes et entraîne des défauts de forme  (fourche) ou l’absence de graines. Les autres accidents climatiques, tels que la grêle, la neige ou le verglas sont rarement préjudiciables à la forêt sur des surfaces importantes.

 

Cas particulier du Castor

Réintroduit sur la Loire en 1974, c'est par les rivières de la Vienne en 1999 et celle du Thouet en 2001 que le Castor d’Europe a fait son retour en Poitou-Charentes. En l'espace de 15 ans il s'est multiplié et a su coloniser de nouveaux territoires en remontant les rivières et leurs affluents. Il a la possibilité de s'installer sur le moindre petit cours d'eau car une profondeur de 50 à 60 cm lui suffit. Le territoire d'une famille s'étend sur plusieurs kilomètres. Chaque femelle donne naissance à deux petits par an. 

Nocturne et crépusculaire, le Castor est très discret. Les traces de sa présence le sont beaucoup moins ! Cet animal, pouvant peser jusqu'à 25 kg, a un régime exclusivement végétarien, composé d’herbacées, de jeunes pousses ligneuses et d'écorces. Outre l’apport alimentaire, ses spectaculaires activités de bûcheronnage lui permettent également de récupérer de la matière première pour ses travaux de construction : hutte et barrage. Les essences qu'il affectionne le plus sont les saules et les peupliers. Et c'est là que les problèmes commencent !

Les attaques de castors sont imprévisibles et inégales. Le long d'un même cours d'eau, on peut trouver un seul arbre écorcé et quelques kilomètres plus loin, une peupleraie détruite à 50 %. Cet animal amphibie est très mal à l'aise sur terre. Il cherchera toujours sa nourriture au plus près de la berge, à savoir dans la ripisylve. Si celle-ci n'est pas assez riche, il ne s'aventurera pas au-delà de 30 mètres du cours d'eau.

Pour protéger les peupliers déjà en place, une seule technique est efficace : un grillage d'un mètre de haut maintenu par 4 piquets solides. La technique est imparable sauf en cas de forte montée des eaux... mais elle est très onéreuse : 5,50 € par protection sans compter l'indispensable dépose. L'installation d'une ripisylve fournit un bon écran de protection. Le bouturage de saules fonctionne très bien et ne coûte rien si ce n'est un peu de temps. Dernière option, reculer les peupleraies de 30 m des berges ce qui représente tout de même la perte de 4 lignes d'arbres. Cela revient à condamner la populiculture dans les vallées étroites 

Au regard de la législation, le Castor est strictement protégé au niveau national et européen. Sa destruction, capture, détention et commercialisation sont formellement interdites, mais ce sont également ses terriers, huttes et barrages qui sont protégés. Par ailleurs l’État n'a envisagé aucune mesure d'indemnité en cas de dégâts. C’est un handicap supplémentaire à la relance de la filière populicole récemment engagée.